Homoalpinus

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L 'idée de la montagne alpine de Pétrarque à Léonard de Vinci, de Haller à De Saussure, de Gœthe à Ruskin, de Lord Byron à G. Rey.

« C’est à la Renaissance que les Alpes commencent à susciter un réel intérêt » dit Jacques Perret un des organisateurs de l’exposition intitulée "Regards sur les Alpes, 100 livres d’exception (1515-1908)" qui s’est déroulée en 2011 à la Bibliothèque d’étude et d’information de Grenoble.

Naissance de la géographie des Alpes

Mis à part les écrits des géographes et historiens grecs et latins, Polybe, Strabon et Tite-Live, c’est à partir du Moyen Âge, avec Dante, que les Alpes font l’objet d’un intérêt littéraire.

La renaissance : émergence d’une littérature alpine

Au XVIe quelques publications sous forme de guide comme "Les Voyages du Seigneur de Villemont" (1581), le "Guide des Chemins de France" (1552), ou de recueil poétique "La Savoye" de Jacques Peletier du Mans (1572) voient le jour. Le théologien Josias Simler propose une définition des Alpes.

L’idéal alpin des lumières

Mais le XVIIe délaisse les Monts Affreux et c’est au Siècle des Lumières que la montagne gagne véritablement ses lettres de noblesse. Jean-Jacques Rousseau, dans "La Nouvelle Éloïse", imagine la montagne comme un lieu naturel idéal à l’écart des miasmes du monde. Le Bernois Albrecht Von Haller abonde dans le même sens, soutenant que la formation du caractère et de la vertu n’est pas possible dans une société citadine, mais au contact direct de la nature, en particulier de la montagne. L’helvétisme, qui érige comme modèle le paysage de la Suisse et les us et coutumes des habitants des cantons alpins internes représente une filière littéraire, exploitée, entre autres, par l’anglais William Coxe au travers de son ouvrage Voyages en Suisse. Par ailleurs, les Alpes représentent également un objet de recherche pour les savants, et Horace Benedict de Saussure orchestre de nombreuses expéditions ayant pour but l’exploration scientifique du massif. Il consignera ses multiples aventures dans son ouvrage "Voyages dans les Alpes".

Les Alpes du romantisme théâtre d’aventures et de tragédies

Dans son ouvrage l’ode au Mont Blanc Shelley le poète Percy Shelly affirme que l’immensité des cimes vertigineuses et enneigées procure un sentiment d’extase proche de la folie. Lord Byron exacerbe les traits les plus expressifs du Romantisme, violents orages d’altitude, lutte de l’homme contre les éléments, etc. dans des romans comme Childe Harold’s "Pilgrimage" (1812) ou "Prisoner of Chillon" (1816). John Ruskin oppose une vision intellectuelle et mystique à celle de Michelet qui évoque des Alpes laïques.

Le XXe siècle où la naissance du roman de montagne

Le géographe Fabrizio Bartaletti dans son ouvrage "geografia e cultura delle Alpi", retrace une histoire de la littérature alpine dans laquelle il évoque le roman de montagne. Ce nouveau genre littéraire qui voit le jour au début du XXe siècle se révèle d’après l’auteur, souvent étiqueté comme banal. Dans son ouvrage critique, Le roman de montagne en France, Michel Ballerini attribue cette médiocrité à la difficulté de concilier une expérience vécue (excursion, ascension d’un massif) et la fantaisie sensée transformer la réalité qui s’exprime dans le genre romanesque. Edmondo de Amicis, dans "Piccoli uomini", grandi montagne, explique le mal-être des romanciers dans le cadre alpin par une différence d’échelle dans le rapport homme-montagne.
Cependant, des exceptions échappent à cette médiocrité.
Alexandre Dumas, cet infatigable écrivain voyageur, insuffle une dimension épique à ses Impressions de voyage en Suisse et un siècle plus tard Roger Frison-Roche avec "Premier de cordée" se révèle comme un auteur majeur du genre. Jean Giono décrit avec poésie sa "Provence" avec comme arrière-plan les sommets enneigés du massif des Écrins ou les cimes escarpées du Dévoluy. Les alpinistes René Demaison (342 heures dans les Grandes Jorasses), Gaston Rebuffat (Le massif du Mont-Blanc), Lionel Terray (Les conquérants de l'inutile) dépeignent avec talent leurs expériences verticales respectives.
Les Anglais, précurseurs dans ce domaine littéraire, et ascensionnistes de la première heure, se distinguent avec l’inventeur de l’alpinisme sportif Alfred.F Mummery, le vainqueur, mais à quel prix, du Cervin Edward Whymper ou encore l’alpiniste érudit évoqué par Jacques Perret , William Auguste Coolidge. Les Italiens Mario Rigoni Stern, Dino Buzzati, Walter Bonatti, Cesare Maestri ou Emilio Comici abordent la littérature de montagne avec bonheur. Parmi les Austro-Allemands, Heckmair résout "Les trois derniers problèmes des Alpes" et Herman Bühl exprime avec sensibilité son attachement au monde vertical :
« Je suis né à Innsbruck. Les montagnes veillaient sur mon berceau. L'amour qu'elles m'inspiraient m'avait été transmis en héritage. Mon père était un alpiniste enthousiaste et ma mère originaire du Val Gardena, au coeur même des Dolomites
La Suisse située au cœur du massif, favorise bien légitimement des vocations littéraires et le célèbre "Heidi" de Johanna Spyri occupe une place de tout premier ordre dans l’imaginaire des adorateurs des Alpes.

Au delà du roman : Contes et légendes

Parallèlement à la fiction, différents types d’expression littéraire existent. La grande diversité culturelle et linguistique de l’Arc alpin est à l’origine de légendes et de contes souvent issus d’une tradition orale. Certains mythes apparaissent sous diverses formes dans les différentes régions alpines : Les créatures et animaux fantastiques, Zlatorog en Slovénie, le Dragon de Macun dans le Parc national Suisse, Spina de Mul dans les Dolomites. Les fées, les sorcières, les rois et reines, princes et bergères constituent une pléiade de personnages qui émanent de l’imagination des habitants.

Le merveilleux et le magique s’associent à une réalité montagnarde.

Littérature-Références bibliographiques