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Bienvenue sur le Blog de Capleymar-Homoalpinus
Par delà les montagnes, la pensée...
Ce blog est destiné à l'expression d'idées, d'opinions, de révoltes, tout type d'information ou de réflexion politiquement correct ou incorrect, à condition que le respect de l'individu soit toujours préservé, les propos racistes ou portant atteinte à la dignité de l'individu sont considérés comme irrecevables.
L'objectif de ce carnet virtuel est d'échanger des émotions, des critiques, des points de vue, des renseignements, des suggestions, etc. sur le monde auquel nous appartenons.
Pour éviter la confusion et faciliter la navigation, nous proposons des thèmes d'expressions divers ; politique, culture, nature, etc. Nous sommes également ouverts à toute suggestion...
Les 3 dernières nouvelles
Le temps change, les temps changent...
Les refuges de Tête Rousse et du Goûter viennent de fermer leur portes (5 août 2022), fait exceptionnel en cette période estivale de grande fréquentation du massif du Mont Blanc. Seul le refuge du Nid d'Aigle, à l'arrivée du tramway du Mont Blanc, reste ouvert, sur réservation.
Dès la mi-juillet, les compagnies des guides de Saint-Gervais et Chamonix ont également pris la décision de suspendre temporairement l'ascension du sommet par la voie normale.
Même si le Toit de l'Europe demeure un symbole fort dans une vie d'alpiniste, peut-être est-il temps de se poser la question de ce que l'on attend de la montagne. L'exploit peut certainement attendre des périodes plus propices, l'automne ou le printemps par exemple ? Et puis, ce milieu nous offre tant d'autres possibilités, pourquoi ne pas si fixer d'autres objectifs, plus contemplatifs, plus immersifs dans un massif ?
Pour en savoir plus :
Mont Blanc : fermeture des refuges de Tête Rousse et du Goûter
Les 3 derniers billets
Le 6 février dernier, Étienne Klein invitait Philippe Delmas pour parler de son livre, Un pouvoir implacable et doux. La Tech ou l’efficacité pour seule valeur (Fayard).
Philippe Delmas nous met en garde contre la douce tyrannie de la Tech, qui a profondément pénétré nos vies, envahi notre quotidien malgré nous , mais sans laquelle nous ne pourrions plus vivre. Il évoque son hégémonie indiscutable, mais suggère quelques solutions pour utiliser les nombreux services qu’elle rend à la société dans son ensemble tout en échappant à son emprise.
Philippe Delmas : la Tech est-elle doucement despotique ?
Une révolution qui touche tous les aspects de la vie
L’intention pour l’auteur n’a pas pour objectif de faire le procès de la « Tech », mais d’expliquer quels sont les bouleversements que cette révolution engendre. La Tech nous rend d’immenses services au quotidien, mais elle transforme nos sociétés d’une façon que nous n’avons pas mesurée et nous ne trouvons pas toujours les solutions adaptées.
P.D. définit la Tech, comme « tout ce que l’électronique a produit depuis l’apparition de la puce ». Elle polarise la société ; 80 % des Africains possèdent un téléphone portable.
Après la révolution industrielle, la révolution numérique dont on peut estimer l’apparition à la fin des années 60 (1969, invention de la puce électronique), pénètre profondément notre société et ébranle ses fondements.
Le constat le plus flagrant lorsqu’on compare la révolution industrielle et la révolution numérique est que, autant la première rassemblait, autant la seconde divise.
La révolution industrielle est à l’origine d’un contrat social collectif, basé sur le partage au moins partiel de la richesse, la société prend soin de ses membres, et chacun peut espérer mieux pour soi-même et pour les siens.
L’économie de la Tech s’appuie uniquement sur la performance. Aujourd’hui, la réussite individuelle des salariés ne compte pratiquement plus dans l’augmentation des salaires, seule compte la performance moyenne de l’entreprise, ses gains de productivité découlant de la Tech. À l’échelle de la société, la Tech divise, les entreprises, les salariés, les villes, les territoires, les pays. La Tech sépare la société en gagnants et en perdants. Les perdants stagnent et les gagnants avancent.
La conséquence est que chaque individu se perçoit comme seul responsable de sa vie et au fond éprouve l’impression d’abandon. Cette tendance est particulièrement sensible au niveau des jeunes générations. Désormais, on attend de l’État qu’il soit efficace en formant les élèves de manière à ce qu’il trouve un job.
La société industrielle acceptait les individus « moyens » et est d’ailleurs à l’origine de l’émergence de la classe moyenne. La société fonctionnait dans une logique collective, de redistribution, comme dans un système scolaire avec bien sûr des admis et des recalés, mais aussi des élèves moyens. La Tech nous fait entrer dans une stratégie de concours : reçu ou collé, dedans ou dehors.
Il existe toutefois des points communs entre la révolution industrielle et la révolution numérique.
- La granularité ; ces deux révolutions ont touché tous les aspects de la vie
- La mobilité ; la possibilité d’aller vite.
L’avion, le train, la voiture, permettaient de se déplacer rapidement dans l’espace, aujourd’hui, la mobilité passe de plus en plus par le virtuel : ordinateurs, téléphones portables, tablettes, etc. Le développement du télétravail encouragé par la crise sanitaire illustre parfaitement cette tendance. (2 milliards d’objets qui communiquent se vendent chaque jour)
- La profondeur du changement
La révolution industrielle se caractérisait par des transformations visuelles : poteaux électriques, antennes , etc.
La révolution numérique pourrait être qualifiée de « révolution du rien » de l’invisible. C’est un réseau de machines dont ignorons totalement l’existence qui gère des logiciels dont nous n’avons aucune idée. (ex : le billet d’avion). Ce tissu-là organise au jour le jour toute notre vie.
Des monopoles économiques
Les innovations cumulatives tendent à produire des monopoles. Jusqu’aux années 70, les leaders enrichissaient l’ensemble du tissu économique. Dans le cadre de la Tech, les choses sont différentes. Les entreprises innovantes ont des cycles très courts et sont capables dans des délais relativement rapides d’acquérir des positions à partir desquelles il est très difficile de leur faire concurrence. Un des exemples éloquents est celui d’Intel qui était déjà présent en 1969 et reste leader en 2020. Les grandes entreprises de la Tech ont la capacité de consolider très vite leurs innovations et de financer leurs recherches, mais aussi d’empêcher l’apparition de la concurrence.
Google, Apple, Facebook achètent depuis 10 ans en moyenne une startup tous les mois.
« Apple pourrait racheter Total en cash » P.Delmas
L’emploi
Que deviennent les conducteurs de métro, les caissiers, etc., concurrencés par les machines ?
Un emploi dans la Tech crée en moyenne 2 à 5 emplois.
- La nature des emplois change.
La quasi-totalité des emplois des classes moyennes disparaît.
- Une focalisation territoriale
La Tech est très concentrée, elle se situe dans une dynamique d’agglomération.
En France entre 2008 et 2015 le nombre d’emplois a progressé de 20 % en Ile-de-France, dans les quatre régions du quart nord-est de la France il a baissé de 10 % ; quatre fois plus d’emplois sont créés en Ile-de-France que dans ces 4 régions. Le revenu moyen de ces emplois est deux fois plus élevé.
Quelle que soit l’organisation du territoire dans les différents pays du monde, la Tech se concentre dans les grandes agglomérations, les dynamise, les enrichit et génère 5 emplois de service de proximité. (Coiffeur, bar, restaurant, hôtel, cinéma, etc.).
L’absence de ces emplois et la déperdition des industries traditionnelles appauvrissent des villes moyennes qui n’ont pu développer la Tech. Le phénomène est universel.
- Des salaires qui stagnent
Dans les 25 pays les plus riches du monde, les 2/3 des salaires n’augmentent pas.
- Au niveau des pays
Le revenu par habitant des pays en voie de développement a cessé de rattraper celui des pays riches.
De manière générale, les pays en développement ne maitrisent pas suffisamment la Tech.
La révolution industrielle a mis entre 50 à 100 ans pour se diffuser dans les pays en développement. La rapidité de l’essor de la Tech, aurait pu faire espérer qu’elle soit maitrisée à courte échéance, mais malheureusement ce n’est pas le cas.
La Tech est un tissu et pour qu’elle soit efficace, elle doit s’appuyer sur un réseau.
L’exemple du Kenya est éclairant. 70 % des entreprises sont sur le Net, le paiement au marché s’effectue très couramment au travers de la monnaie électronique. Pourtant la conséquence sur la croissance du pays est quasi nulle, car les entreprises demeurent isolées. Le cas de l’Inde est similaire ; les entreprises de la Tech sont complètement coupées du reste du pays, elles n’irriguent pas l’économie. La Tech aujourd’hui divise les pays en leur sein entre gagnants et perdants.
Les écarts entre pays riches et pays pauvres se creusent, car ces derniers se développent, mais beaucoup moins rapidement.
« Une modernisation de la misère » E.Klein
Les pays riches intègrent la Tech qui pénètre la société en profondeur. L’exemple de la généralisation de la fibre en France est significatif. Sur 20 ans, cette technologie va transformer le pays. Mais c’est un luxe que les pays pauvres ne peuvent s’offrir.
Que devient le pacte politique ?
Face à la logique des vainqueurs, dans 80 % des cas révélés par une étude de la banque mondiale portant sur 100 pays, le citoyen demande à l’État de l’efficacité et non de la démocratie.
Les États disposent pourtant d’outils législatifs et économiques pour rétablir un équilibre et corriger les effets délétères de la Tech. Aux États-Unis 10 % des dépenses de santé (1 % du PNB) sont destinés à soigner - à mettre sous médicaments - les salariés de la Tech dépressifs qui ont perdu leur emploi et éprouvent un violent sentiment de déclassement. Au Danemark, le même pourcentage de perte d’emplois n’implique pas les conséquences rencontrées aux États-Unis, car l’État a mis en place un système de préparation, d’accompagnement et de formation.
L’émergence des réseaux sociaux
Un des travers de la Tech est la confusion entre croyance et connaissance qui transite par le biais des réseaux sociaux. La différence n’est pas toujours très nette et alimente les thèses complotistes.
Par ailleurs, la conjonction de la Tech qui individualise (le portable est un objet intime, les réseaux sociaux offrent du sur-mesure à chacun) et la tendance déjà annoncée par Tocqueville à l’individualisation dans les sociétés modernes, entrainent un isolement et un appauvrissement de l’esprit. Naturellement, l’inclination est à se rapprocher uniquement de ses semblables. Le sens de la diversité, la richesse de la différence tendent à être oubliés. « Chacun se resserre dans son petit monde, et laisse dans sa petite société » disait Tocqueville, le risque est en effet pour l’individu de ne plus participer à la vie collective, ne plus côtoyer des personnes qui pensent autrement, ne plus supporter la différence. Cette perte du sentiment d’appartenance à « la grande société » représente un danger pour le contrat social.
Des solutions pour rééquilibrer la donne ?
Un des écueils de la Tech réside dans le risque de préférer la donnée et le calcul au jugement. Le plus grand enjeu de nos sociétés contemporaines est la façon dont nous allons former l’esprit de nos jeunes. Apprendre la liberté de penser indépendamment de la machine, de l’enseignement, de l’autorité.
La Tech est un instrument qui nous rend beaucoup de services, mais que globalement nous maitrisons mal. Nos sociétés, nos dirigeants doivent les mettre sous contrôle. Nous disposons des outils pour que la Tech ne nous dévaste pas. Transformer nos sociétés en douceur représente une des missions primordiales de nos gouvernants.
L’Europe peut jouer un rôle crucial en ce sens. C’est la première partie du monde où les grandes entreprises de la Tech ont été mises à l’amende pour comportement concurrentiel. C’est également une des rares parties du monde qui s’intéresse à la vie privée des gens. Ce qui différencie l’Europe du reste du monde c’est son attachement à la diversité.
Enfin, les choses évoluent et on commence à percevoir un désir de temps long, même dans les jeunes générations.
France culture - Cultures Monde
Privées de la majorité de leur clientèle par les restrictions de circulation et par des mesures sanitaires strictes, les stations de ski sont bien loin de vivre un hiver comme les autres. Néanmoins, les années à venir pourraient bien être à l’image de la saison actuelle pour le tourisme d'hiver...