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Les Alpes sous la domination romaine

Les sources principales les plus valables de la tradition sont celles du géographe grec STRABON, observateur étonnant, l'historien grec POLYBE qui retrace l'itinéraire d'HANNIBAL à travers les Alpes, l'historien TITE-LIVE qui reprend POLYBE mais avec plus de précision sur les lieux, ainsi que le naturaliste PLINE L'ANCIEN pour la description des peuples qui habitent les Alpes.

La perméabilité des Alpes à l'époque romaine (25 av. J.-C - IV s.)

« L'histoire des Alpes est intimement liée à l'histoire des communications » pensaient Paul et Germaine Veyret.
L'époque romaine illustre parfaitement l'idée selon laquelle les Alpes constituent un lieu de passage leur conférant ainsi un rôle européen majeur.

Alors que les Grecs se sont cantonnés à l'exploration des rivages méditerranéens, les Romains en revanche guidés par leur politique de conquête, malgré leur intérêt peu marqué pour le massif, l'on traversé en empruntant les routes qu'ils ont eux-mêmes tracées, dessinant ainsi les axes majeurs de même que le contrôle de ses principaux passages (Genèvre, Petit-Saint-Bernard, Grand-Saint-Bernard, Splügen, Maloja, Septimer, Julier, Reschen, Brenner).


Reconstitution du Trophée des Alpes (Trophée d'Auguste) - La Turbie (Alpes-Maritimes)

La conquête romaine des Alpes se déroule durant une période se situant entre 25 et 13 av. J.-C. Esquissée par César, elle s'achève avec la soumission des tribus montagnardes par Auguste, comme en témoigne le "Trophée des Alpes" à la Turbie (Alpes-Maritimes) érigé en 13 av. J.-C. sur lequel sont répertoriées les 45 populations vaincues. Les Alpes sont alors intégrées aux provinces romaines (Alpes Maritimes, Cottiennes, Grées, Rhétie, Norique). Les Romains, pour mieux régner, ont toujours été contraints de s'appuyer sur l'élite locale, privilégiant l'intégration au système romain, créant les conditions d'une soumission volontaire. La Pax Romana qui durera jusqu'au règne de Marc-Aurèle (161-180) assure une certaine prospérité.
Durant cette période, l'essor de la vigne et de la châtaigneraie, qui augmente sensiblement la surface des terres de productions entre 800 et 1 200 m, l'industrie de la céramique, l'exploitation des mines de fer de Styrie participent à l'essor de l'économie alpine. L'intensification de l'agriculture est à l'origine d'une densification de la présence humaine.
Parallèlement, l'urbanisation connait un grand développement avec l'augmentation du nombre de villes à l'intérieur des montagnes (Embrun-Eburodunum ; Darentasia-Moutiers ; Aoste-Augusta Prætoria ; Trente-Tridentum ; Martigny-Octodurus ; Coire-Curia ; Bolzano-Pons Drusi ; Innsbruck-Veltiden ; Villach-Santicum, etc.) et dans les zones périalpines (Aix en Provence-Aquae Sextiae ; Turin-Augusta Taurinorum ; Zurich-Turicum ; Vienne-Vindobona ; Aquileia, etc.). Ces villes jouent un rôle administratif, commercial et artisanal tandis que la campagne alpine produit des denrées pour ces mêmes villes et pour elle-même créant ainsi la première interaction ville-campagne dans les Alpes.
La romanisation a marqué de sa profonde empreinte l'organisation sociale, ainsi, les diocèses adopteront-ils les circonscriptions administratives romaines. La langue latine s'est transmise jusqu'à nos jours comme le démontre la persistance de trois groupes linguistiques distincts : le rhétoromanche des Grisons, le ladin dans les hautes vallées dolomitiques et le frioulan dans la Vénétie orientale. Les structures culturelles de l'Empire romain ont bien souvent survécu aux grandes invasions (IIIe-VIe siècles).

Bénédict Masson-Hannibal franchissant les Alpes,1881

Culture

Les populations alpines, bien qu' en contact avec les civilisations méditerranéennes grecques et étrusques, subirent finalement peu l'influence de Rome. C'est avec les romains que l'on assiste à une modification visible et durable du paysage et par conséquent du patrimoine alpin. En témoignent les routes, termes, aqueducs, temples, théâtres, amphithéâtres que l'on croise dans différents endroits de la chaine.